jeudi 16 juillet 2020

Sur la route du Maine




Sur la route du Maine, nous avons navigué une petite semaine, en suspend, la tête toujours dans les étoiles, le cœur qui balance, tiraillés entre l’envie de prolonger la saveur de l’escale new-yorkaise et la nécessité d’avancer pour passer à la suite. 


Car le temps file. Nous sommes déjà fin juin et il nous reste deux grosses étapes avant le retour en août : le Maine d’abord (dont on nous a dit tant de bien) et puis la question cruciale que se posent - ou se sont posés -  TOUS les voyageurs cette année : dans ce monde chamboulé par le COVID, avec l’incertitude des ouvertures et fermetures de frontière, avec les vols aériens aléatoires; si on ajoute les contraintes des quarantaines par-ci, par-là: on rentre quand et comment??? On fait quoi du bateau???? 


Le plan initial était de laisser Mowgli en hivernage à Halifax (Canada) pour tenter le Groenland l’année prochaine. Ok... Mais le Canada est toujours fermé. Donc on oublie. 

Plan B : se rabattre sur Saint Pierre et Miquelon pour l’hivernage. Sauf que, dans ce contexte, ont-ils les équipements en activité pour cela? Pas sûr ....


Surtout, est-ce bien prudent de laisser notre bateau à l’autre bout du monde quand le monde ne tourne pas rond ?


Donc, Plan C : transater, ramener Mowgli avec nous (ou du moins, nous faire ramener par Mowgli) et avoir ainsi l’assurance que pour la suite, la Team est au complet. 

Après tout, nous pouvons aussi aller au Groenland en passant par l’Islande....




Voilà donc le cours de nos pensées, le fil de nos discussions, le sujet des débats enflammés dans le cockpit au cours de cette semaine de transition qui nous amène des grattes-ciel de New York, aux forêts de sapins du Maine. 



Nous avons fait quelques beaux mouillages, une escale sympathique au Cap Code avec une superbe balade sur l’immense plage bordée de dunes, en compagnie d’une colonie de phoques (oui oui, on passe des requins marteau aux phoques !!) ...et pendant que les enfants courent dans les dunes, encore et toujours, nous, on tergiverse!




Plan A ? plan B ? plan C ???




Le voyage n’est pas que découverte et délectation, c’est aussi parfois stress, angoisse du saut dans l’inconnu, petit coup de déprime et prise de tête. N’allez pas croire, l’équipage de Mowgli n’échappe pas à la règle. 


Nous n’oublions pas que nous sommes aux US où les chiffres du COVID grimpent, nous sommes les seuls étrangers ici, comme des OVNIS, et nous continuons donc à être hyper strictes sur le port du masque systématique, le gel hydro après avoir touché la moindre poignée de porte, changer de trottoir si un groupe non masqué arrive en face, éviter les lieux trop fréquentés.... et malheureusement nous évitons tout contact. 


Nous sommes donc en hyper vigilance en mer (normal sur un bateau), en hyper vigilance à terre,  et à jongler avec l’inconnu...


Ainsi, si ce voyage-là, dans ce contexte hors norme a quelque chose d’exaltant, il est aussi, par ailleurs, très très éprouvant. 



Pas évident donc, avec cela, de se concentrer : le blog prend du retard, l’école devient secondaire, les soirées à refaire les plans se prolongent et l’on cède plus facilement que d’habitude aux supplications de nos enfants pour faire de l’écran... quand à nous, pour nous vider la tête, on s’offre presque tous les soirs le luxe de regarder deux épisodes d’une série à suspens, c’est agréable mais cela ne fait pas avancer le schmilblick.   


Hum hum.... Il ne va pas falloir que cet état de fait dure trop longtemps !!!!  Pour me déculpabiliser, je mets Jules à lire du Victor Hugo : il s’enfile les Misérables en 3 jours et parait content de lui voyant la fierté dans le regard de sa mère. Bien, on se ressaisit !


Pour le Capitaine, il n’y a dans ce cas, qu’une option pour lui permettre de prendre du recul : une belle navigation, une nuit blanche en mer pendant que tout son petit monde dort dans les couchettes... et hop : nous voilà arrivés à Portland, Capital du Maine, bien heureux et satisfaits d’être là. 




Dans les anecdotes de ces quelques jours sur la route du Maine, il y aura eu .....la découverte des brouillards. Comme pour beaucoup de chose (et en particulier les phénomènes météo), nous sommes de petits joueurs par rapport à l’Amérique. Eh bien pour le brouillard, c’est pareil. Ici, c’est brouillard version XXL, en intensité et imprévisibilité. Vive le GPS, la cartographie et l’AIS dans ce cas...car le fameux brouillard des terre-neuvas n’est pas une légende. Cela nous a valu une arrivée, en plein après-midi dans un minuscule mouillage dans une purée de pois, ou seul le bruit des vagues sur la plage nous permettait d’identifier la présence de la côte. A la tombée de la nuit, et une fois le brouillard levé nous avons halluciné de voir de si près la plage et toutes les maisons bordant le rivages.  



Brouillard sur l’eau, brouillard dans nos têtes me direz-vous? Bien vu ! Mais l’éclaircie n’est jamais loin. Et le Maine va être une escale absolument géniale, très différente de tout ce que l’on a vu jusque-là et largement à la hauteur de sa réputation. mais ça, c'est la suite de l'histoire dans le prochain blog!







Le canal vers Cap Cod

Le Pilgrim monument de Provincetown - Cap Cod

Provincetown - Cap Cod

Provincetown - Cap Cod