samedi 29 février 2020

Les mal nommées Iles Vierges

Les iles Vierges n’ont pas été à la hauteur de nos attentes.... Eh oui, cela arrive aussi en voyage. 
Vu sous l’angle de l’école de la vie, nous dirions que ces 6 jours ont été une leçon de maitrise de notre gestion de la frustration, et donc d’humilité.  

En effet, nous sommes dans un cadre que nous savons paradisiaque : lors de notre escale en 2013, nous y avions vu des eaux translucides, des eaux turquoises, des mouillages, nombreux et splendides  à la hauteur de la réputation mondiale des Iles vierges, car l’on vient du monde entier ici pour louer un catamaran et profiter de ce cadre magique. 


Sauf que parfois les éléments s’en mêlent. Le plus terrible d’abord, le cyclone Irma qui a dévasté Saint-Martin en 2017, a aussi ravagé les Iles Vierges situées 80 miles à l’ouest. Nous l’ignorions et nous avons donc été très marqués par les stigmates du cyclone : cocotiers décapités dont il ne reste que le tronc, mangrove complètement arrachée, coraux broyés, poissons disparus, maisons détruites et encore en reconstruction, marinas et superettes rayées de la carte. 

Ce qu'il reste de Sandy Island
Ce qui fut un "lagon" Coralien

Même si la végétation commence à reprendre ses droits (et sous les tropiques, ça pousse très vite), cela est forcément moins beau mais surtout, nous permet de mesurer le choc terrible pour les habitants de l’Ile qui ont tout perdu en quelques heures, et qui ont vécu l’enfer de la destruction et du chaos. Nous avons discuté avec l’un d’entre eux, gérant d’un restaurant exposant des photos du cyclone : 3 ans après, l'émotion est toujours présente, le traumatisme réel. «  Il a fallu que j’ai 49 ans pour vivre cela. Même les anciens n’avaient jamais vécu ça . C’est l’enfer absolu, inimaginable. Je ne le souhaite à personne, même pas à mon pire ennemi. » A présent, à chaque été, au retour de la période des cyclones, c’est avec la boule au ventre que les habitants de l’île vont vivre, sachant que le phénomène peut se reproduire..Les touristes, eux sur leur catalogue, choisiront juste une autre destination.... 
 

Aux paysages marqués, s’est rajouté pour nous une mauvaise météo pendant 6 jours : vent fort en continu qui lève un sale clapot et brouille les fonds marins, ciel bas qui colore en gris les eaux turquoises et grains, grains, grains, qui font hésiter à partir en balade ou en kayak sous des trombes d’eaux et les rafales de vent. 
 

Vous rajoutez à cela le fait que les Iles vierges restent, à cette saison, hyper touristiques : la plupart des mouillages sont envahis de gros catamarans de location. Dur de trouver donc la tranquillité,  surtout quand le vent  est fort et que l’on cherche tous des mouillages abrités. 

      Donc ça fait râler. Surtout moi. 



Christophe s’est donc démené pour fouiller la cartographie, analyser la météo, et pour nous trouver
l’introuvable : baie sauvage et protégée sans trop de monde. Bon pour le soleil, il ne pouvait rien faire ...!....mais grâce à sa persévérance, nous avons quand même fait quelques spots très chouettes: Madame est servie !!!!!! 



Les photos ne sont donc pas vraiment représentatives : bien sûr, en 6 jours, il y a eu quelques éclaircies et belles demi-journées. Nous avons donc foncé sur les appareils à ce moment là ! 

Nous nous souviendrons en particulier d’une belle rencontre avec une famille sur un cata dans un super mouillage où les enfants sont partis toute une matinée en kayak et paddle jouer aux Robinsons sur la plage déserte. Nous les surveillions à la jumelle depuis le bateau. Sentiment de liberté pour eux, nos petits explorateurs, grande fierté pour nous!
 
Le lendemain, autre baie sauvage et verdoyante, très bien protégée, c’est au saut du lit, que nous sommes partis tous les 2, en balade en kayak une petite heure, laissant les enfant dormir paisiblement à bord. 

Je vous le disais : trop pourries les Iles Vierges ;-))

et les Shadocks creusaient creusaient...






 















mercredi 26 février 2020

«  Un anniversaire pas comme les autres » raconté par Jules


Exercice d’école le lendemain de son anniversaire. 

Thème de la rédaction pour Jules : « Un anniversaire pas comme les autres. »


Page blanche, une heure devant lui, assis à la table du carré. 


- Je fais ce que je veux maman ? 

- Oui, du moment que tu respectes la consigne et le thème du titre
- Je suis pas obligé de parler de mon anniversaire alors
- Ben ......il me semblait que si mais après tout, c’est à toi de voir.  
- Ok. 

Rédaction Jules TOUPY 11 Février 2020, quelque part entre St Kitts et les iles Verges Britanniques.


Un anniversaire pas comme les autres.  



Nous sommes en 1798, le 13 août 1798. 
La frégate « La Fraternité » file toutes voiles dehors sur l’océan Atlantique au large de la Martinique à 4 noeuds. Sur la dunette, l’aspirant Duvallon se demande s’il pourra passer son prochain anniversaire avec sa famille, car aujourd’hui, il fête ses 15 ans.
- « Alors Aspirant Duvallon, c’est aujourd’hui que vous fêter vos 15 ans? ».
- « Oui Commandant, c’est aujourd’hui. »
- « Alors, je vous souhaite un bel anniversaire ». 
Le Capitaine George Laclos du haut de ses 31 ans était un marin extraordinaire, quasiment toutes ses prédictions se réalisaient. Il était aussi bon marin que combattant acharné. Il a juste le temps de finir sa phrase, que la vigie se fit entendre « Eh oh en bas, voile à bâbord ». 
Sur la dunette le Capitaine prend rapidement sa lunette. «Quel pavillon ? » crie le Capitaine. «  Pavillon rouge, c’est l’ Union Jack!!! ». Une boule au ventre se forma dans l’estomac de Duvallon : il ne voulait pas mourir le jour de son anniversaire et surtout aussi loin de sa famille et de sa forêt de pins natale. Mais il avait confiance en « La Fraternité », cette frégate de 44 canons de 18 livres et les 2 de chasse et les 2 de retraites étaient des 12 livres. Le Capitaine George continua : «  Il est de quel type ? ». La vigie répondit que c’était une frégate d’à peu près 50 canons, cette nouvelle classe de grosses frégates tout fraîchement sorties des chantiers navals de Porthmouth. Le Capitaine sonna le branle-bas-de- combat et 3 minutes 38 secondes après le navire était prêt à faire face à l’attaquant. L’Aspirant Duvallon était fièrement posté à côté du Capitaine et de son troisième lieutenant.
 La voile ennemie grossissait très vite et le jeune garçon se dit qu’ils se croiseraient dans moins de 8 minutes. 
- « Monsieur Duvallon, allez demander au lieutenant en second Martin Dupuis si le gaillard avant est prêt à faire mouche et si tribord est en batterie ». Il descendit dans le pont de batterie à toute vitesse, posa sa question au chef en second, canonnier qui lui répondit affirmativement. Puis il partit vite sur le gaillard avant. Quand il passait devant chaque pièce de 18 livres et son équipe, il voyait des visages en même temps inquiets et confiants. Une bouffée de courage remonta en lui. Il arriva au gaillard avant. Il vit que la frégate ennemie avait parcouru beaucoup plus de chemin qu’il ne le pensait et ils allaient se rencontrer dans 4 minutes. Il se dit : « Combien de morts va procurer cette bataille inattendue, surtout que « La Fraternité » avait déjà enduré plusieurs batailles dans les 3 mois derniers et la frégate avait enduré plus d’une pleine bordée du 74 canons ». 
Pendant ce temps, le garçon avait déjà rapporté la réponse au Commandant et été retourné à sa place. 3 minutes après, la tension était à son comble, la frégate anglaise était à moins d’une centaine de brasse. 
Le Capitaine rugit de sa voix grave : «  Bord à bâbord toute, tribord en batterie prête à faire feu! » Pendant que le canonniers attendaient les ordres, les gabiers et les fusilleurs montaient dans la mâture. «  Ah mon Commandement, feu pour La Fraternité et la France!! ». 20 canons de 18 livres hurlèrent la mort sur la proue de l’anglais. Tout un déluge de plomb s’abattait sur les deux ponts. Le Commandant enchaina rapidement : « Canons de retraite à mon commandement, feu ! ». Les douze livres déversaient leurs projectiles sur le pont de batterie ennemie. On ne voyait plus le gaillard d’avant à cause de la fumée. Quand elle se dissipa enfin, Jacques Duvallon vit avec effroi que les deux dunettes étaient au même niveau et que l’anglais s’apprêtait à faire feu de ses caronades ?????. Il cria «  Attention, caronades!! ». Une bonne centaine de billes de métal déchiquetèrent la dunette. Pendant ces tirs, le 3ème lieutenant fut fauché et son corps tomba à l’eau dans un grand bruit. Le Capitaine fut touché à l’épaule et Jacques ressentit une douleur fulgurante au tibia droit. 
Un peu après, le Capitaine reprit les choses en main. «  Lieutenant Henri, ordonnez les deux bords en batterie, nous devons détruire son gouvernail. Aspirant Duvallon veuillez me rapporter le nombre de morts et de blessés. » Jacques descendit par le grand escalier et couru jusqu’à l’infirmerie. « Docteur, pouvez vous me donner le nombre de morts et de blessés ? » ! «  Bien sûr, jeune homme, il y a eu 4 morts et 3 blessés dont un risque fort de rejoindre les premiers »





Notre grand Jules semble trouver son inspiration dans ses lectures (plus que dans son voyage qui lui parait d’une banalité édifiante!!), et il a plongé avec délectation dans la trilogie de Fabien Claw dont il a lu deux fois les trois premiers tomes, et est impatient de lire le quatrième. (Un colis en arrivant à New-York?)

    https://www.editionspaulsen.com/authors/c/fabien-clauw.html



Anecdote qui vaut le détour : Fabien Claw est un marin rochelais dont Christophe a fait la connaissance lors du premier voyage. Les deux marins et leurs bateaux alors en escale à Saint-Martin Antilles, en attente d’une fenêtre météo propice à traverser l’atlantique pour retrouver leur port d’attache commun La Rochelle. C’est donc avec l’emotion d’une veille de Transatlantique qu’ils ont sympathisé. Fabien Claw avait profité de son voyage tropical pour écrire son premier roman, « pour les trois couleurs », l’histoire de Gilles Belmonte, Commandant d’une Frégate sous la Révolution. 
Depuis 2 nouveaux episodes sont sortis, Christophe et moi même les avons dévorés et sur ce voyage nous avons été heureux de pouvoir permettre a Jules de rentrer dans cet univers. Il n’y a pas eu besoin d'insister, les 3 ouvrages ayant été dévorés en quelques jours. 

Mais l’histoire ne s'arrête pas là. Aux Iles vierges, devant une petite marina tranquille mais très fréquentés par des bateaux de charter ou des bateaux américains, nous apercevons un pavillon français. Comme souvent, après un grans salut de loin, la conversation s’engage et nous voilà invités à déjeuner :  ils sont rochelais, fort sympathiques, et nous sommes ravis de partager nos expériences de voyages mais aussi nos connaissances communes à La rochelle. C’est là que rapidement la conversation tourne autour de Fabien Claw : notre hôte est non seulement le parrain de coeur et mentor de navigation de Fabien Claw mais il a en plus largement inspiré à la fois les personnages de Gilles Belmonte et Jean Duval, la preuve en est, il se prénomme Jean-Gilles....!!!! 

Quelle belle coïncidence pour Jules que de se retrouver accueilli sur le bateau du capitaine  qui a inspiré son héros Gilles Belmonte!!! 

Forcement, cela nourrit l'imagination !  

Bonnes lectures à toutes et tous.




dimanche 23 février 2020

11 ans à Saint Kitts

Un anniversaire dans un cadre tout à fait inattendu pour notre Petit, non, Grand Jules....


Nous quittons Deshaie sous la pluie



Trop juste pour arriver le 10 février aux Iles vierges, trop dommage de rester en Guadeloupe 3 jours de plus alors que plein de nouvelles étapes nous attendent, ...qu'à cela ne tienne, après un conseil de famille et un vote à l'unanimité, nous partons vers le Nord la veille de souffler les bougies et nous verrons bien, si le cœur nous en dit, où nous arrêter pour les célébrations.






Depuis des mois (depuis le départ de LaRochelle précisément), les cadeaux, papiers cadeaux, bougies, ballons et bonbons attendent gentiment dans un coffre bien caché du bateau. Nous sommes donc libres, entièrement libres de choisir le moment et le décor.









Après avoir longé l'île de Montserrat, très impressionnante car sa côte nord a été ravagée par plusieurs éruptions volcaniques dans les années 90 et 2000, laissant la capitale Plymouth à moitié ensevelie sous la lave, tel Pompéi.

Plymouth, La capitale fantôme ensevelie sous les coulées de laves









Plymouth 
Après une très belle soirée de navigation, nous posons notre dévolu sur une petite baie peu fréquentée de l’île anglaise de Saint Kitts.

Bien protégés des alizés assez forts qui se sont établis et ont levé de la mer, avec de belles collines, l'endroit est tout à fait incongru et inattendu ... mais fort sympathique.

de la belle voile devant st kitts

Il n'y a plus qu'à choisir le menu: Jules faute de Langouste fraîchement pêchées, opte pour un tajine de poulet. Matinée cuisine et pâtisserie, et nous voilà tous les 4 attablés le sourire aux lèvres, pour ce 11ième anniversaire.




Une fois savouré ce bon repas de fête, nous laissons les enfants découvrir les nouveaux legos.   Temps calme  « café-farniente » pour les parents et à 16h tapantes, nous levons l'ancre pour 24h de navigation : les Iles Vierges nous attendent!








Brève mais néanmoins intense escale à Saint Kitts dont nous nous souviendrons longtemps pour ....son tajine et ses bougies !



Anecdote : Jusqu’au dernier moment, les enfants, voyant bien que nous n’avons fait aucun achat les jours précédents, conserveront un petit doute : et si il n’y avait aucun cadeau pour l’anniversaire.... Jules, prêchant le faux pour connaitre le vrai, ne cessait de répéter les jours précédents: «Oh ...de toutes façons, j’aurais jamais ma boîte de lego préférée... ». Nous avons laissé planer le doute jusqu’au bout et avons été récompensés par leurs yeux émerveillés en voyant la montagne de cadeaux sur la table. Des legos bien sûr mais aussi des livres, incontournables.





Montserrat et la souffriere

mardi 18 février 2020

A la découverte d’un autre monde



Ce que nous avons la chance de voir avec nos yeux émerveillés ces derniers jours peut difficilement être décrit et, si des photos pouvaient en rendre compte, il n’y aurait nul besoin d’en dire plus, elles parleraient d’elle même.


 

Mais les meilleurs photographes s’y sont frottés : impossible de rendre compte par un cliché de la féerie des fonds sous marins.

Alors oui, quand nous mettons la tête sous l’eau dans la mer des Caraïbes, un nouveau monde s’ouvre à nous. 

Nouveau, me direz-vous ? Nouveau, alors que nous avons déjà sillonné pendant deux ans les eaux du Brésil, des Antilles, de Cuba ??? 

Il faut avouer qu’à l’époque, inexpérimentés en matière de plongée et avec nos deux bébés, nous avions déjà beaucoup à voir (et à faire!) autour de nous sans avoir eu le temps -ou si peu- d’observer les poissons et les coraux. 

Dès lors, cette fois, gonflés à bloc par les conseils avisés des Maloya et avec nos grands enfants bons nageurs et à l’aise « comme des tortues marines », nous sommes partis pour de bon à la découverte de cet autre monde. 

Et pour cela, la côte sous le vent de la Guadeloupe est idéale, en particulier autour de la Réserve Cousteau à Malendure, qui est réputée pour la beauté de ses fonds sous marins. 







Pendant ces 10 jours en Guadeloupe, toutes les occasions ont donc été bonnes pour nous émerveiller : en partant à la nage du bateau, équipés de palme, masque tuba et combinaison, en filant en annexe un peu plus loin sur un spot qui nous paraissait propice à la plongée, ou encore à la rame sur nos kayak et paddle pour arriver sans bruit sur les cayes de corail. Nous avons passé des heures dans l’eau....


Et, stupéfaits par l’aisance des enfants et leur réel intérêt pour la vie sous marines (toutes les espèces de poissons mais aussi les différents coraux et algues), nous nous sommes offerts un baptême de plongée en bouteille. 

 



 





Les conditions étaient idéales, nous avons eu une chance terrible : un petit club de plongée à l’ambiance familiale http://www.alizee-plongee.com/  (mais très sérieux pour autant), un temps magnifique et une sortie pour nous 4 tous seuls, avec les deux moniteurs rien que pour nous. A tour de rôle, par équipe de deux donc, un adulte et un enfant, nous avons découvert la joie immense de se mouvoir avec aisance et facilité au milieu d’une multitude de poissons colorés.... quelle émotion! 












Et quelle fierté pour nous de voir Jules et Clarisse avec leur propre bouteille, et là encore réagissant avec un naturel déconcertant. 


Que de bons souvenirs pour cette escale en Guadeloupe! Comme en cette fin d'après-midi, ou alors que tous les plongeurs regagnent la plage, nous décidons, vu le temps magnifique, de refaire une dernière excursion et où nous nous trouvons seuls à profiter des derniers rayons du soleil à l'Ilet pigeon haut lieu de la plongée et réserve marine, habituellement ultra fréquentée.





Bon, là où nous sommes mauvais, ou bien disons encore en phase d'apprentissage, c'est pour les photos et vidéo sous marine: bien sûr nous avons tenté mais encore rien à montrer... on laissera donc cette fois votre imagination faire le travail... ne parlons pas du drone qui n'a pas quitté son sac.

 Nous, on en a encore plein les yeux : poissons des toutes tailles et de toutes les couleurs, oursins géants, coraux, le tout dans une eau translucide.


On aurait presque risqué de s'éterniser à Malendure ..si les côtes douloureuses de Chris ne se rappelaient pas à lui méchamment, nécessitant du repos et un médecin.

Après l'escale plongée, c'est donc une escale repos et farniente avec laquelle nous avons enchaîné dans le petit bourg tranquille de Deshaie. 





La magnifique plage de Deshaie si grande qu’on y est seul