Mowgli, à la conquête de l'ouest: Mowgli se met au vert et remonte le temps en Virginie.

Baie de Chesapeake Chapitre.1

Depuis quelques mois, nos yeux s’étaient habitués aux 50 nuances de bleus de la mer des Caraïbes. Mais sur les routes des grands voyages, il y a de fameux Cap, souvent réputés pour leurs tempêtes, qui sont à eux seuls comme une frontière, quand nous les franchissons, nous avons le sentiment de changer de pays, voire de changer de continent tant tout ici est immense et démesuré.

Après avoir longé depuis le large, la Géorgie, la Caroline du Sud et celle du Nord, nous avons donc franchi, sous le soleil et temps magnifique, le terrible Cap Hatteras, pour arriver dans la non moins fameuse Baie de Chesapeake, la Mecque de la voile paraît-il.

Nous voilà donc en Virginie...

Cette partie du voyage relève de la pure improvisation car n’était pas prévu au programme initial. C’est donc ignorant tout de cet État peu connu qu’est la Virginie que nous avons posé l’ancre à minuit, à Hampton, en face de Norfolk, aux pieds du Fort Monroe.

Au matin, à première vue, et au loin depuis le mouillage, cela ressemble à n’importe quelle ville, un peu endormie. Il fait gris et, COVID oblige , l’activité semble un peu ralentie. La marina est fermée, nous prenons donc nos plus beaux sourires, et demandons au restaurant l’autorisation de laisser l’annexe sur leur ponton privé. Les règles d’usage auraient voulu qu’en échange nous consommions une boisson ou un plat à emporter. Mais les usages ne sont plus ce qu’ils étaient par les temps qui courent et, toujours soucieux de nous protéger, nous nous esquivons pour entamer notre découverte du Fort.

Constructions traditionnelles en briquette rouge qui alternent avec les grandes maisons blanches en bois, immenses jardins ouverts sans aucune clôture, gazon verdoyant parfaitement tondu, arbres majestueux, écureuils qui nous coupent le chemin, oies sauvages se dandinant avec leurs petits, cela relève pour nous du dépaysement complet.

C’est beau, calme, apaisant. Rien de commun avec la Floride que nous venons de quitter....

Nous nous sommes donc fait, pour cette première balade à terre en Virginie, un grand bol de verdure : avec délectation, nous nous sommes roulés dans l’herbe grasse et avons grimpé aux arbres!

Le Fort Monroe est en fait, une petite péninsule, sur laquelle a été construit un fort qui a servi de base militaire jusqu’en dans les années 2000. Haut lieu historique, il a été le théâtre d’une bataille mémorable de la Guerre de Sécession, Lincoln y ayant pris ses quartiers pour commander les opérations, en particulier la très fameuse bataille navale d’un nouveau genre, opposant le Merrimack (clan des Confédères, Sudistes, pour l’esclavage) et le Monitor (Nordiste, contre l’esclavage et pour l’égalité des droits), premiers bateaux cuirassé (1861), ancêtres des sous-marins.

Merrimack Vs Monitor - 9 Mars 1862 -

Ce que vous ignorez peut-être, c’est que notre grand fils aime l’histoire, se régale de romans de batailles navales, mais surtout se passionne pour la guerre de Sécession! Dans sa caisse de jeux embarquée à bord, vous trouverez parmi ses petits trésors à lui, ses petits soldats Sudistes et Nordistes et sa BD préférée sur Lincoln.

Alors forcément, cette arrivée en Virginie et cette visite du Fort Monroe prennent pour nous un sens tout particulier.

Et voila comment sublimer le voyage.

Comment faire des passerelles entre le passé et le présent, entre l’imaginaire - celui de Jules livrant sur la table du carré ses batailles avec ses petits soldats- et la contemplation : celle de ces vieilles pierres chargées d’histoire, celle de la Baie de Norfolk où gisent encore les épaves des combats d’autrefois.

Mais aussi les passerelles entre l’apparente insouciance d’un voyage sous les Tropiques et l’éveil de nos enfants à une conscience politique au sens noble du terme.

Ainsi, à Norfolk, dans ce décor grandeur nature, l’histoire du combat pour les droits de l’homme occupe nos conversations.

Ne voulant nous laisser dans la torpeur de nos pensées philosophiques, Dame Nature se rappelle à nous: le soir même ALERTE TEMPÊTE TROPICALE sur la zone ! Première de la saison des cyclones (qui n’est officiellement pas commencée), la tempête Arthur remonte des Bahamas et s’abat pile sur nous. Le Cap Hatteras que nous avions passé deux jours avant, est sans dessus-dessous, des vagues de 7 mètres, un vent fou souffle sans relâche, le ciel est noir, la pluie tombe en trombe....

Et cela pendant .... 4 jours !!!!

Imaginez, alors que nous sommes dans un mouillage bien protégé, 30-35 nœuds non-stop pendant 96 heures. Et la pluie, la pluie, la pluie.... La première nuit, on ne dort pas bien, le vent siffle dans les haubans, et puis, on s’habitue....

Il faut dire que Christophe avait bien choisi le mouillage, nous étions vraiment très bien protégés, et nous avons confiance dans notre ancre. J’avais pu faire de bonnes courses, fonçant à travers la ville déserte avec la trottinette empruntée à Jules, revenant juste à temps sous les premières gouttes de pluie.

Fort monroe

Le pont ouvrant de Yorktown - juste gigantesque!

Le beau temps revenu, nous filons 30 miles plus au Nord, pour remonter la York River et découvrir un autre site ayant marqué l’Histoire des États-Unis... comme de la France!

Yorktown et sa Bataille décisive ? Cela vous dit quelque chose ?

PAS-SION-NANT !

Yorktown Victory monument

Autre lieu, autre époque : un siècle plus tôt, c’est la Guerre d’indépendance. Quelques Insurgents Américains sous le Commandement de George Washington combattent l’armée anglaise.

Ils livreront à Yorktown en 1781, la bataille finale leur permettant de déclarer leur Indépendance. Cette victoire, ils l’obtiennent grâce au soutien de la France.

Lafayette d’abord, arrivé quelques années auparavant pour soutenir l’indépendance, puis les troupes de Rochambeau ainsi que la flotte des Antilles commandée par De Grasse, envoyés ensuite par Louis XVI, auront apporté un soutien indispensable.

C’est sur le champ de bataille, là encore désert, merci COVID, que nous passerons 2 jours exceptionnels. La nature est belle, nous nous nous régalons de ces promenades dans les champs (de bataille), et du site historique absolument passionnant que nous trouvons ici.

Figurez-vous, que le Compte de Grasse, Vainqueur ici même de La Bataille navale de la baie de Chesapeake qui permettra la victoire des alliés à terre grâce à son blocus, le même qui perdra cette fois la célèbre bataille des Saintes suite à la désobéissance et l’abandon du combat de Vaudreuil et Bougainville... Vous vous souvenez, il y a 4 mois, nous étions aux Saintes!

Et puis, cette guerre d’Indépendance des États-Unis d’Amériques, défendant des valeurs de liberté, quelques années à peine avant la Revolution Française, cette guerre qui nous valut 2 siècles plus tard, le fameux « Lafayette nous voilà », cette guerre finalement assez méconnue chez nous mais qui a façonnée définitivement le monde pour les siècles à venir, nous y sommes et nous foulons le sol où a germé le monde occidental d’aujourd’hui.

Yorktown Victory monument

La devise écrite, en français s’il vous plaît, aux pieds du Mémorial de Yorktown, restera donc notre devise pour cette si belle escale en Virginie:

« Au plus beau des ouvrages - la construction de la paix »
Benjamin FRANKLIN.

Loin de la Floride et des drapeaux pro-Trump à tous les coins de rue, c’est ça aussi les US.

Une histoire certes récente, mais tellement contrastée, ou se mêle avec puissance et déraison le meilleur et le pire, une histoire qui est loin d’être terminée puisqu’elle s’affiche encore ces jours-ci sur vos écrans de télévision avec une bavure policière de plus et les émeutes qui en découlent...

Loin de ce tumulte, la Virginie, douce et belle, nous offrira pour conclure quelques ravissants mouillages, en pleine campagne. Ne nous leurrons pas : la campagne est belle, bien entretenue, les maisons magnifiques avec une classe discrète et du bon goût. Les yachts à moteur ont été remplacés par des voilier parfaitement entretenus. Des petites marinas, offrant tout les services et le confort vous accueillent : nous restons dans l’Amérique des privilégiés, celle des fronts de mer... pour l’instant nous n’avons rien vu, ou pas grand-chose- de l’arrière court...

Nous quittons la Virginie, emballés et heureux.... un sacré rendez vous nous attend à Annapolis Maryland.